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quelques pistes de réflexion

La Grenade d'après Khalil Gibran

comme je vivais jadis dans le coeur d'une grenade,
j'entendis une graine dire :
"Un jour, je deviendrai un arbre, et le vent chantera dans mes branches, et le soleil dansera sur mes feuilles, et je serai un arbre puissant et beau durant toutes les saisons".
puis une autre graine dit : " Quand j'étais aussi jeune que vous
je nourrissais des rêves semblabes. Mais maintenant que je suis à même de peser et de mesurer toute chose, je me rends compte que tous mes espoirs étaient vains".
Et une troisième graine dit aussi : "Je ne vois rien en nous qui promette un avenir si brillant."
Et une quatrième dit:"Sans un grand avenir, piètre vie que la nôtre!".
Et une cinquième dit:"Pourquoi nous disputer sur ce que nous serons, alors que nous ignorons même ce que nous sommes".
Mais une sixième répliqua : Quoi que  nous soyons, nous continuerons d'être".
Et une septième dit:"Je forme des idées claires sur l'avenir; mais je ne peux les exprimer par des mots".
puis une huitième parla et une neuvième et une dixième et toutes les autres graines parlèrent à la fois, et je ne pouvais plus rien comprendre dans cette confusion de voix.
Et ainsi, je déménageais ce jour-là dans le coeur d'un coing, où les graines étaient peu nombreuses et presque silencieuses.



 
Ô Maître... d'après Rabindranath Tagore - l'Offrande Lyrique
Ton langage est simple, Ô Maître, mais non celui de tes disciples qui parlent en ton nom.
Je comprends la voix de tes étoiles et le silence de tes arbres.
Je sais que mon coeur voudrait s'ouvrir comme la fleur; que ma vie s'est gonflée aux sources d'une invisible fontaine.
Tes chants, comme des oiseaux venus du pays désolé des neiges, ont volé jusqu'à mon coeur pour y bâtir leur nid et s'y abriter des chaleurs d'avril, et je suis satisfait, dans l'attente de la saison heureuse.
Diaporama


La Lampe... d'après Rabindranath Tagore - l'Offrande Lyrique

Je saisis ma lampe terrestre, et, sortant de la maison, je criai : “Venez, enfants, j'éclairerai votre sentier !”
La nuit était encore profonde lorsque je m'en revins, laissant la route à son silence, et criant
« Éclaire-moi, ô divin Feu ! Car ma lampe terrestre gît brisée dans la poussière ! »
 
 

                                           
Non, il n'est pas en ton pouvoir de faire éclore le bouton.
Secoue-le, frappe-le : tu n'auras pas la puissance de l'ouvrir.
Tes mains l’abîment ; tu en déchires les pétales
 et les jettes dans la poussière.
Mais aucune couleur n'apparaît, et aucun parfum Ah ! Il ne t'appartient pas de le faire fleurir.
Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement.
Il y jette un regard, et la sève de vie coule dans ses veines.
A son haleine, la fleur déploie ses ailes et se balance au gré du vend
Comme un désir du cœur, sa couleur éclate, et son parfum trahit un doux secret.
Celui qui fait éclore la fleur travaille si simplement
Maintenant revenez tout doucement à la réalité : lâcher prise!
médit. mains Dalai Lama
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Purification

Purification : Douleur, verrou des choses inexprimables... Faut-il souffrir ?

Douleur, verrou des choses inexprimables,
interprète des contacts indicibles, explicatrice des grands desseins,
Quand nous sommes incompréhensifs dans l'impasse de l'existence,
Quand, devant le butoir de la Vie, nous nous révoltons, 
Lorsque notre âme ne peut réaliser le contact avec les plans supérieurs,
Que notre corps est impuissant à rencontrer les formes saintes,
Tandis que nous cherchons en deçà ce qui est au-delà et en bas ce qui est en haut.
Douleur, effort de Dieu pour nous pénétrer malgré nous-mêmes,
Douleur, à la fois marteau et enclume, pour mieux forger notre coeur.
Douleur, brasier fécondant, Douleur, soufflet inlassable,
qui rend le fer de notre âme souple et éblouissant.
Ô main puissante de l'Esprit, doigts subtils de la Force
Mère, tu pétris à volonté l'âme et le corps.
Je puis me rebeller contre toi, te blasphémer, te maudire.
Mais cela n'a pour effet que de durcir ton étreinte et de resserrer ton étau.
Je puis aussi m'adapter à toi, te bénir, t'accepter comme aide.
Et cela a pour effet de desserrer ta morsure et d'alléger mon fardeau.
Douleur, c'est peu à peu que j'arriverai à te comprendre,
puis à te subir, puis à t'aimer,
Parce que tu ne viens ni des choses, ni des événements, ni des hommes.
Tu es la fille aînée de moi-même et tu n'as d'existence que par moi.
Si j'étais parfait je ne connaîtrais point la Douleur,
pas plus que la grande lumière ne connaît l'ombre.
Je souffre de mes injustices, de mes incompréhensions, de mes erreurs,
Et la Douleur, que j'accusais, tend vers moi sa bouée protectrice,
son bouclier guérissant, son soc fèrtifisateur.
Je veux chérir ma Douleur, comme la meilleure amie,
me rénover à sa flamme, me décanter à son feu.
Plus ton bûcher est ardent et plus l'homme s'épure vite,
Douleur purificatrice de la chair et de l'esprit.


Faut-il souffrir ?
Je suis là, pour observer Tes consignes, deviner Tes ordres et préparer Tes chemins.
Faut-il durer ?
Je suis là, pour comprendre Ta stratégie, m'adapter à Tes problèmes et attendre Tes solutions.
Faut-il lutter ?
Je suis là, pour T'aider dans la bataille, Te suivre coude à coude, recevoir pour Toi les chocs.
Faut-il aimer ?
Je suis là, pour manger Ton pain des anges, me désaltérer à Ta source, me chauffer à Ton foyer.
Faut-il mourir ?
​​​​​​​Je suis là, pour faire Ta dernière étape, monter Ta dernière marche et pénétrer dans Ton ciel.


d'après Georges BARBARIN,
extrait de l'ouvrage "Vivre avec le Divin"